introduction
Les problèmes bucco-dentaires peuvent avoir des conséquences physiologiques et comportementales chez le cheval : perte de poids, refus du contact avec le mors, réticences au travail… La douleur provoquée par les troubles dentaires est difficile à identifier comme origine de ces symptômes, car sa manifestation locale est peu visible chez les chevaux.
Un système de codage de la douleur nommé HGS (Horse Grimace Scale), basé sur la « lecture » d’une gamme d’expressions faciales qu’émet le cheval lorsqu’il ressent de la douleur, est déjà utilisé et éprouvé dans les cas de castration, de colique ou de traumatisme. M. M. Coneglian et son équipe ont testé l’efficacité de l’outil HGS pour identifier les douleurs dentaires, dans le but de pouvoir apporter des soins au plus tôt. L’équipe s’est demandé :
- Si l’outil HGS permet de détecter les douleurs dentaires ;
- Si oui, est-il aussi efficace à partir de photographies qu’en face-à-face avec le cheval ?
- Si cette échelle obtient de meilleurs diagnostics qu’une observation simple uniquement basée sur l’expérience professionnelle.
Méthode
Suite à examen dentaire, 33 chevaux ayant des pathologies pouvant causer de la douleur ont été sélectionnés pour l’étude.
L’utilisation de l’échelle HGS est basée sur l’observation des expressions faciales sur six zones précises. Plus les expressions sont présentes, plus le niveau de douleur est sévère (Fig. 1).

Les chevaux sont évalués avec l’échelle HGS en présentiel par un même vétérinaire une première fois avant les soins dentaires puis une deuxième fois quinze jours après les soins. La tête de chaque cheval est photographiée de profil à 1 mètre de distance juste après chaque évaluation.
Les soins dentaires étant supposés soulager la douleur du cheval, la comparaison du score HGS avant et après les soins doit permettre de savoir si l’échelle HGS est en mesure d’identifier la douleur dentaire. Pour vérifier si l’outil est aussi efficace sur photo qu’en présentiel, trois autres vétérinaires ont évalué ces photographies en utilisant l’outil HGS.
Enfin, pour savoir si un diagnostic avec l’outil HGS est meilleur que celui fait sans recours à l’outil, ces mêmes photographies sont évaluées par quatre autres vétérinaires se basant uniquement sur leur expérience professionnelle.
Résultats
Évaluations avec l’échelle HGS

L’utilisation de l’outil HGS montre une diminution significative du niveau de douleur entre avant et après les soins dentaires pour les quatre évaluateurs (Figure 2). Sur photographies (E1, E2, E3), les évaluateurs utilisant l’échelle HGS obtiennent des scores proches entre eux, mais plus élevés que l’évaluateur en présentiel (P, Fig. 2).
Évaluations sans l’échelle HGS
Seulement deux évaluateurs sur les quatre qui se basaient uniquement sur leur expérience ont observé une baisse du niveau de la douleur. Les scores attribués sont nettement plus faibles (entre 1 et 2 points), particulièrement pour le diagnostic avant les soins et ne sont pas homogènes entre les quatre évaluateurs.
Discussion
Dans cette étude, l’échelle HGS a donc montré son efficacité pour détecter et quantifier les douleurs dentaires des chevaux : elle a permis de détecter une nette diminution de la douleur entre avant et après les soins dentaires, tandis qu’une évaluation sans cet outil a sous-estimé la douleur et parfois même ne l’a pas détectée. L’échelle HGS est donc recommandée aux vétérinaires comme un outil fiable, qui pourrait devenir indispensable. Même si les auteurs signalent des biais possibles (la fiabilité des photographies par rapport à la réalité et d’éventuelles interférences de communication animal-cheval lors de l’évaluation en présentiel), bien mise en œuvre, cette échelle se révèle très efficace.


