Introduction
Toilettage, marquage olfactif, régulation de la température…, en milieu naturel, les roulades semblent avoir plusieurs fonctions selon l’espèce considérée : ânes, chevaux ou zèbres.
Les études en milieu domestique sont plus rares, voire inexistantes concernant les espèces hybrides telles que les mules. Pourtant, selon les régions du monde, les équidés domestiques peuvent être soumis à de rudes travaux de traction ou de portage sous des climats très chauds. Dans ces conditions, se rouler joue probablement un rôle important pour le confort des animaux. Hélas, ce comportement est parfois négligé par les propriétaires, voire empêché du fait d’un hébergement trop petit (box, stalle).
Dans la présente étude, Marina P. F. Luz et ses collaborateurs s’attachent à décrire les comportements de roulade des mules et des chevaux soumis à différents degrés de travail et à des variations climatiques. L’équipe émet deux hypothèses :
- La fréquence des roulades augmentera avec un travail intense et des températures plus chaudes.
- Les mules exprimeront des comportements spécifiques à leur espèce hybride.
Méthode
8 mules et 8 chevaux, mâles et femelles adultes dans les deux groupes, sont impliqués dans l’étude. Individuellement, les équidés sont soumis à trois traitements de travail d’intensité différente (Tableau 1), avant d’être relâchés et filmés dans une petite arène de sable durant 15 minutes. En plus, deux de ces traitements incluant une douche avant le lâcher en arène, sont également étudiés.
Tableau 1. Détail des cinq traitements.
1 traitement par jour et 1 groupe (8 équidés) / jour observés à des heures différentes de la journée.

160 jours d’expérimentation sont menés comme suit : 20 jours pour chaque traitement T0, T1 et T2 et par groupe, ainsi que 10 jours par traitement avec douche et par groupe. L’ordre de passage, des groupes, des individus et des traitements, est aléatoire.
La température et l’humidité sont mesurées quotidiennement à l’aide d’un thermomètre à globe mouillé.
L’analyse des vidéos permet de relever les comportements de roulade selon le répertoire correspondant (Figure 1), ainsi que l’endroit de roulade choisi par chaque équidé (identique ou non à un autre individu de la journée). Puis ces données sont comparées pour déterminer l’influence de l’intensité du travail, de la douche et des conditions climatiques sur les comportements de roulade de chaque espèce.

Résultats
Plus l’intensité du travail augmente, plus les chevaux se roulent (p-value p < 0,0001) mais pas les mules (p < 0,0043) (Fig.2).
Douchées, les deux espèces se roulent fréquemment et les mules plus que les chevaux. Douchés, les chevaux se roulent aussi fréquemment quelle que soit l’intensité du travail réalisé avant (fig.2).

Les conditions climatiques influencent les mules qui se roulent plus fréquemment par temps chaud et humide, ainsi que par temps froid et sec après la douche (p < 0,05).
Les mules se roulent significativement plus au même endroit qu’un précédent congénère (70% des roulades contre 30% pour les chevaux p < 0,05).
Excepté mâchouiller, renifler le sol et se secouer, les comportements ne sont pas exprimés en proportion égale d’une espèce à l’autre, et seules les mules fouaillent de la queue (Fig. 3).

Discussion
Cette étude montre que mules et chevaux n’ont pas les mêmes motivations pour se rouler : les chevaux semblent avoir besoin de s’étirer après l’effort tandis que les mules y trouveraient thermorégulation, toilettage et marquage olfactif. Les manières de faire diffèrent sur certains points, laissant apparaître des spécificités liées à l’espèce.
Dans tous les cas, les roulades apparaissent indispensables au bien-être des équidés. Il apparaît donc nécessaire que la vie domestique permette à chaque équidé d’exprimer ce comportement selon les particularités de son espèce.


