Introduction
Les chevaux de sport sont le plus souvent hébergés en box individuel sans pouvoir bénéficier de sortie dans un espace suffisamment grand pour se mouvoir librement sans contrainte imposée par l’homme. Ce choix de gestion repose sur des craintes telles que la peur des blessures potentielles liée au phénomène de rebond lorsque les chevaux sont lâchés au paddock. Par ailleurs, il est prouvé que l’hébergement en box favorise l’apparition d’indicateurs d’altération du bien-être comme les comportements stéréotypiques.
L’étude de Clémence Lesimple et ses collègues vise à :
- Évaluer la faisabilité, en termes d’habituation et de risque potentiel, d’offrir des sorties quotidiennes au paddock à des chevaux de sport adultes vivant en box individuel sans sorties autres que celles pour l’entraînement.
- Évaluer les conséquences de ces sorties quotidiennes sur leur bien-être à travers des indicateurs comportementaux, posturaux et physiologiques.
- Évaluer leur durabilité après l’arrêt des périodes quotidiennes de sorties au paddock.
Méthode
29 chevaux de sport adultes, tous hébergés en box individuel et non habitués à sortir au paddock, sont impliqués dans l’étude. Ils ont tous un accès semi-continu au foin (une quantité de 9 kgs de foin, déterminée par un vétérinaire, répartie en deux distributions égales, le matin et l’après-midi).
L’étude se divise en deux expérimentations successives de trois et quatre semaines au total. Elle consiste à comparer un groupe de chevaux témoins restant au box à un groupe de chevaux expérimentaux mis en liberté moins d’une heure par jour. Les périodes de mise en liberté s’étalent sur trois semaines durant la première expérimentation et sur deux semaines durant la seconde. Le même soigneur sort les chevaux par paire dans des paddocks individuels adjacents sans contact physique possible entre eux. De l’eau et du foin en slow-feeder y sont à disposition.
A la fin de chaque sortie quotidienne, les soigneurs sont interrogés sur les éventuelles difficultés rencontrées (manipulation risquée, blessures des chevaux…) pour en évaluer la faisabilité.
Différents indicateurs sont utilisés pour évaluer l’habituation (Tableau 1) et le bien-être (Tableau 2) des chevaux.
Tableau 1. Indicateurs étudiés pour évaluer l’habituation.

Tableau 2. Indicateurs étudiés pour évaluer le bien-être des chevaux.

Résultats
Des comportements d’excitation sont observés sur les chevaux sortis pendant les 3 à 4 premiers jours, puis les chevaux s’habituent rapidement au profit du temps passé à s’alimenter. Aucune blessure ni difficulté particulière n’a été constatée par les soigneurs.
Les sorties au paddock montrent une amélioration rapide du bien-être à court-terme mais leur arrêt provoque une dégradation immédiate des effets positifs observés. La fréquence des stéréotypies et de la position des oreilles en arrière pendant l’alimentation diminue lors des périodes de sortie comparativement aux chevaux témoins restés en box mais ré-augmente dès la première semaine après l’arrêt des sorties quotidiennes.
Aucune différence significative n’est mise en évidence entre les groupes expérimentaux et témoins sur les paramètres de la NFS et les taux de sérotonine. Seule l’augmentation du taux d’ocytocine après la période de sorties quotidiennes semble mettre en évidence une amélioration possible des émotions positives chez les chevaux du groupe expérimental.
Discussion
Cette étude montre qu’offrir aux chevaux de sport un accès régulier et ininterrompu à des périodes de sorties au paddock est possible et sans risque particulier. Les résultats sont remarquables dans la mesure où les chevaux sont mis en liberté moins d’une heure par jour. Il est aussi intéressant de constater que répondre aux besoins alimentaires des chevaux en leur proposant un accès au foin contribue à faciliter l’habituation à la situation nouvelle.
Combiner un temps de sortie, même court, avec du foin à disposition semble être une solution simple pour améliorer le bien-être des chevaux hébergés en box, même s’il serait souhaitable que les temps de sorties soient plus longs et que les chevaux puissent avoir des interactions sociales.
Enfin, la liberté de mouvement ne faisant partie d’aucune réglementation internationale en vigueur, les résultats de cette étude, associés à la littérature scientifique déjà existante, suggèrent que l’exigence d’un temps dédié devrait y être ajoutée.



